La Commission européenne a supprimé des plans pour imposer une taxe numérique aux grandes sociétés technologiques, un changement qui profite directement aux entreprises américaines comme Apple, Meta et Amazon. La décision marque une retraite importante des propositions antérieures et arrive à un moment charnière dans les négociations commerciales de l’UE-US.
La taxe numérique avait été lancée en mai dans le cadre du plan plus large de l’UE visant à augmenter les nouveaux revenus pour rembourser la dette conjointe de l’ère pandémique. Il devait apparaître dans le projet du budget de sept ans de la Commission, qui devrait commencer en 2028. Au lieu de cela, la taxe a été abandonnée du dernier projet, en supprimant une voie pour améliorer les relations commerciales avec Washington et signalant un pivot stratégique à Bruxelles.
Pas de taxe numérique, mais de nouveaux prélèvements à venir
Plutôt que de distinguer les plates-formes numériques, la Commission envisage actuellement trois sources de revenus alternatives: une taxe sur les produits du tabac, un prélèvement sur l’équipement électrique jeté et un impôt sur les sociétés sur les entreprises générant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel de l’UE. Les trois mesures sont destinées à aider le bloc à lever 25 € à 30 milliards d’euros par an.
Mais aucune de ces options ne cible directement les plates-formes numériques comme l’ont fait le plan précédent. Cette omission est notable, étant donné la centrale de la taxe numérique dans les conversations sur l’indépendance budgétaire et le remboursement de la dette.
Les gouvernements nationaux restent prudents. L’Italie, la Grèce et la Roumanie ont repoussé les impôts proposés sur les cigarettes électroniques et les vapes, tandis que la Suède a qualifié l’idée de partager les recettes fiscales nationales avec l’UE «complètement inacceptable».
Une victoire stratégique pour Trump et Silicon Valley

La suppression de la taxe numérique est également une victoire pour l’ancien président américain Donald Trump, qui a critiqué à plusieurs reprises des prélèvements tels que des pénalités injustes sur les entreprises américaines. Trump a précédemment averti des partenaires commerciaux, notamment le Canada et la France, de tarifs de représailles si les taxes numériques étaient mises en œuvre.
Selon Politicoqui a obtenu une version divulguée du projet de la Commission, la taxe numérique a été supprimée de la dernière liste des sources de revenus de l’UE proposées. Cette liste comprend la nouvelle taxe sur les sociétés, les droits de tabac et la taxe sur les déchets électriques. La mesure spécifique au numérique est manquante. Le document a été diffusé vendredi dernier, les responsables devraient finaliser la proposition avant sa sortie prévue le mercredi 16 juillet.
Bien que la Commission insiste sur le fait que la décision n’était pas politiquement motivée, le calendrier suggère le contraire. Les négociateurs de l’UE et des États-Unis sont dans la phase finale des discussions sur un nouvel accord commercial. Le retrait de la taxe pourrait lisser le chemin vers une affaire plus favorable pour Bruxelles.
Le plan budgétaire actuel est toujours susceptible de changer. Tous les prélèvements proposés nécessiteront l’approbation unanime des 27 États membres de l’UE. Ce résultat exigera deux ans de négociations difficiles.